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Nous accompagnons la vie de vos arbres durant tous ses stades de développement, de la plantation à l’abattage.
En étant attentif lors de nos balades, on peut remarquer qu’un houx est couvert de fruits rouges alors que son voisin en est dépourvu. Qu’un gingko[1] est couvert de « fruits » odorants tandis que son voisin est nu comme un linge. Qu’un poirier croule sous le poids de ses fruits au grand dam de son voisin. Mais pourtant tous les pommiers portent des pommes !? Tout ceci s’explique par la sexualité des arbres. Suivez le guide…
De quel sexe est cet arbre ? Trois types de possibilités existent :
L’arbre dioïque possède des pieds exclusivement mâles et des pieds exclusivement femelles. Ces arbres sont donc par définition allogames, c’est-à-dire qu’ils ont besoin d’un autre arbre du sexe opposé pour se reproduire de manière sexuée. Bien que plus difficile, cette reproduction offre l’avantage de favoriser la diversification du patrimoine génétique. La liste des arbres dioïques comprend par exemple le peuplier-tremble, certains poiriers, le houx, le gingko, l’If, le palmier-dattier, etc. « Le phénomène est répandu chez l’animal comme on le sait depuis Adam et Eve, mais il est rare chez le végétal, et pour cause : quand on est cloué au sol par les racines, incapable de se déplacer pour trouver un partenaire de l’autre sexe, c’est un atout d’avoir les deux sexes sur soi[2] ».
Pour l’Homme, en prendre conscience peut être très utile. Quelqu’un souffrant de rhume des foins ne doit plus avoir peur de planter un arbre dans son jardin à condition de choisir un pied femelle. Afin de maximiser la production de fruits, les pieds mâles sont judicieusement intercalés afin de limiter leur nombre (1 % à 5 % des pieds). Notons cependant que certains arbres ont la curieuse propriété de pouvoir donner des fruits en l’absence de fécondation. C’est le cas par exemple des bananes, des clémentines et de certaines variétés de poires. Ces fruits sont bien entendu alors dépourvus de pépins.
Dans l’illustration qui suit, on remarque deux rameaux de peupliers-tremble prélevés sur deux pieds : un pied mâle avec les anthères en rouge qui produisent le pollen et un pied femelle avec les pistils.
L’arbre monoïque a des organes mâles et femelles sur le même plant mais dans des fleurs séparées. Exemple : Noisetiers, Châtaigner, Epicéa, etc. L’idéal reste la fécondation croisée entre des pieds voisins pour empêcher qu’une espèce ne s’appauvrisse génétiquement. Mais en cas d’impossibilité due à la météo ou au manque d’insectes, une autofécondation est possible. Ce type de sexualité est appelé la monoécie. Pour favoriser l’allogamie (pollinisation croisée), il y a souvent un décalage de floraison entre les fleurs mâles et les fleurs femelles d’un pied donné.
Néanmoins, certains arbres monoïques sont autostériles. L’autofécondation n’est pas défavorisée mais rendue impossible par des auxines qui inhibent la germination du pollen provenant de leurs propres fleurs. Seuls les gamètes provenant d’une plante différente pourront ainsi atteindre l’ovule. Dans nos vergers, ceci peut apporter quelques surprises. En effet, deux arbres autostériles tels que les pommiers, cerisiers et châtaigniers ne produisent parfois pas de fruits. Ceci s’explique par le fait que dans nos vergers, les arbres sont souvent multipliés par greffage, et non par semis. Ce qui signifie que tous les arbres d’une variété donnée sont des clones strictement identiques au pied mère de départ. Avec le même patrimoine génétique pour chacun. Le principe d’autostérilité empêche dès lors toute reproduction sexuée. Par contre, dans la nature, chaque arbre sauvage est différent de son voisin car issu de graines possédant un patrimoine génétique hérité de chacun des deux parents.
Dans la photo qui suit, on remarque des fleurs mâles et femelles sur le même rameau.
L’arbre hermaphrodite présente des organes mâles et femelles dans la même fleur, c’est par exemple le cas du Pommier domestique (Malus domestica). Si l’arbre présente des fleurs hermaphrodites et qu’il porte aussi des fleurs strictement mâles et d’autres strictement femelles, on parle alors d’arbres polygames. Pour l’arbre, la possibilité de procéder à une autofécondation est ici très simplifiée. Parfois, c’est la fleur non-fécondée qui en fanant se recourbe et s’autoféconde
Un arbre dioïque mâle ne peut féconder un arbre dioïque femelle sans dissémination de son pollen. Et un arbre monoïque, même si il n’est pas autostérile, met de préférence en place une allogamie (pollinisation croisée) nécessitant la dissémination de pollen. Sauf exception à brève échéance dans la vie d’un arbre, la propagation du pollen est donc vitale. Nous avons l’habitude d’entendre que le vent et les insectes se chargent de ce rôle. Mais plutôt que de mettre ces deux techniques en place, chaque arbre a choisi sa propre stratégie. Certains arbres emploient exclusivement le vent (anémophiles) tandis que d’autres emploient exclusivement les insectes (entomophiles).
L’arbre anémophile, c’est-à-dire « qui aiment le vent », a un pollen très léger, fin et lisse pour être facilement transporté par le vent. Le soir, quand la température redescend, les grains de pollen s’alourdissent et retombent sur les cônes femelles… ou à côté ! Ce mode de dispersion n’est en effet pas très économique, il y a beaucoup de pertes. Pour compenser ces pertes, l’arbre anémophile produit d’énormes quantités de pollen. Cet arbre pousse très souvent en population dense et nombreuse ce qui augmente les chances de pollinisation réussie. Les sapins, les chênes, les bouleaux fleurissent, mais si discrètement qu’on a tendance à l’oublier.
L’arbre entomophile, c’est-à-dire « qui aiment les animaux », cherche au contraire à avoir des fleurs très visibles. Leurs fleurs sont odorantes et se parent de couleurs vives. Le but étant d’attirer les insectes qui vont servir de véhicule pour les précieux grains de pollen. Ce pollen n’est pas léger et fin, mais au contraire lourd et un peu collant. Il est souvent aggloméré en petites pelotes, et pourvu de pointes, d’aspérités adhérentes qui lui permettent de bien s’accrocher. Les insectes efficaces dans la pollinisation ont en général une pilosité abondante.
On peut aussi distinguer les arbres en fonction de leurs fruits :
Les gymnospermes ont des ovules nus portés par des pièces foliaires groupées dans un rameau fertile. Ce rameau fertile ou fruit, que l’on appelle communément « pomme de pin », sont des cônes. Ce groupe se compose principalement des conifères tels que l’épicéa, le sapin, le cèdre, le thuya, le cyprès-chauve, etc.
Les angiospermes, c’est-à-dire « graines dans un récipient » sont les arbres à fruits. L’ovule n’est plus dans un rameau fertile mais dans un ovaire et son tissu nourricier, l’albumen. Ce groupe comprend bien entendu le pommier, le cerisier, le noisetier, etc. mais n’oublions pas les platanes et leurs akènes ou les charmes et leurs samares. Les angiospermes sont beaucoup plus récents que les gymnospermes. Ils dominent les paysages tropicaux et tempérés. Ils laissent la place aux gymnospermes dans les biotopes les plus froids. Les angiospermes ne nécessitent pas l’aide d’animaux pour germer. Le transport avec ou sans digestion du fruit est néanmoins une aide supplémentaire. On remarque d’ailleurs que beaucoup d’arbres entomophiles (« qui aiment les animaux ») sont également sont angiospermes.
Tout article ayant une fin, il nous faut terminer celui-ci avec un sentiment d’inachevé. Surtout, si vous avez appris deux ou trois choses en le parcourant, prenez garde à ne pas en tirer de conclusion hâtive. La nature est complexe et n’apprécie pas d’être catégorisée comme nous l’avons fait.
Ainsi, le Peuplier d’Italie ne correspond à aucune des catégories précitées. Ceci pour la simple raison qu’il ne peut se reproduire sexuellement. Il s’agit d’un seul et même individu mâle issu d’une dégénérescence du Peuplier noir et dupliqué.
Le Ginkgo, le plus vieil arbre au monde est considéré comme un conifère dont les épines sont recouvertes d’une cuticule. Les ovaires n’ont pas d’ovules et ne sont pas contenus dans des cônes. Il n’est donc à proprement parlé ni un angiosperme ni un gymnosperme.
Nous avons précisé que les angiospermes peuvent être aidés par des animaux pour le transport de leur graines par ingestion de leurs fruits. Nous avons aussi affirmé que c’est une aide mais pas une nécessité. Pourtant, certains acacias africains font exception et leurs graines ne peuvent germer que si leur dormance est spécifiquement levée par des enzymes digestives d’animaux spécifiques.
En dehors de ces quelques exemples de cas sortant des catégories proposées par cet article, on pourrait aussi s’intéresser au rôle de la forme des samares d’érable dans la dispersion des graines. Etc. etc. etc. Malgré toutes ces lacunes, si cet article vous a interpellé au point de le parcourir jusqu’au bout et peut-être de vous amener à avoir un autre regard sur les fleurs et fruits des arbres lors de vos prochaines balades, nous en sommes ravis !
[1] Voir Pénélope 149 : « Le Ginkgo biloba »
[2] Pierre-Henri Gouyon, professeur au Museum national d’histoire naturelle (France)
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