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L’arbre urbain: Conditions de développement

Dans ce présent article ainsi que le prochain, nous partagerons avec vous une présentation que nous avons présentée devant le parlement européen concernant les arbres urbains. Dans cette première partie, nous relaterons les difficiles conditions de développement de l’arbre extrait de son milieu d’origine et implanté dans des jardins ou en ville. Dans le prochain article, nous vous présenterons les avantages, voire la nécessité d’implanter des arbres dans de telles zones ainsi que leur fonction écosystémique.

Les modifications dues à l’environnement

L’environnement offert par les villes diffère radicalement de celui des forêts. Le développement des arbres en est donc chamboulé. Voici une liste non exhaustive de différences environnementales:

L’ensoleillement peut être amplifié par des situations exposées à la réverbération de surfaces claires (empierrements) ou de vitrages. Mais les bâtiments peuvent également occasionner un ombrage permanent.

Le vent peut également être atténué ou augmenté par la disposition de bâtiments qui créent des courants d’air.

L’apport d’eau est fortement diminué, obligeant les arbres à se contenter du minimum ou à aller chercher l’eau dont il a besoin dans des réseaux d’égouttage, des citernes etc… et ce n’est pas sans conséquence pour les réseaux souterrains. Dans des situations fortement minéralisées telles que des places, il faut considérer que 80% des précipitations sont reprises par les évacuations, ne laissant que 20% aux arbres.

Les propriétés du sol, remanié, minéralisés et compactés. La chimie du sol est également très perturbée : le pH est alcalin et les éléments nutritifs sont moins abondants et déséquilibrés. L’activité biologique, que l’on sait capitale, n’existe quasiment plus.

Le volume du sol est quant à lui nettement en dessous des besoins des arbres. Les échanges gazeux ne peuvent se faire de manière optimale.

L’air est plus sec, ce qui implique une évaporation plus importante et un dessèchement prématuré du feuillage dans certain cas. L’air est également chargé en polluants provenant du trafic et des systèmes de chauffage des bâtiments. Notamment les oxydes d’azote, les composés organiques volatils, l’ozone ou encore le CO2. Ces gaz, relativement agressifs pour les tissus végétaux impactent plus ou moins selon les espèces. L’air est aussi chargé en poussières, notamment les particules fines issues du trafic routier (PM10). Celles-ci se déposent sur les feuilles et diminuent la photosynthèse des arbres et donc leur croissance, leur vigueur, leur esthétique et leurs rôles épurateurs.

Les modifications directement dues à l’Homme

En plus de cette situation de base, l’arbre subit diverses agressions humaines dans son espace aérien (tronc et branches) ainsi que dans son espace sous-terrain (racines). L’espace aérien est en concurrence avec les activités de l’homme. La couronne de l’arbre fait trop souvent l’objet d’élagages drastiques pour diverses raisons. Que l’arbre soit devenu trop encombrant vu l’espace disponible, qu’il y ait trop de feuilles en automne ou pas assez de soleil en été ou encore que l’on recherche à sécuriser la zone, les élagages drastiques ne se justifient pas et sont la conséquence de pratiques de gestion inadaptée et de méconnaissance flagrante de la biologie des arbres. Un étêtage, ravalement, rapprochement ou même la suppression de quelques axes de gros diamètres est fortement préjudiciable pour la durée de vie d’un arbre. On peut notamment citer les conséquences suivantes :

  • Perte de volume foliaire => perte d’alimentation => perte de réserves
  • Déstructuration => déséquilibre hormonal de l’arbre => repousses anarchiques
  • Affaiblissement global => attaques de parasites/champignons lignivores facilitée

Comme exemple de ce qu’il ne faut pas faire, citons ce cas typique, ce « cas d’école » pourrait-on dire. A Bruxelles, deux marronniers magnifiques ont donné leur nom à une école. La construction de nouveaux bâtiments est en projet. L’architecte a souhaité préserver les arbres et a proposé un aménagement en dehors de l’espace vital des arbres. Il nous a consulté afin d’avoir les recommandations nécessaires pour la préservation des arbres. Juste avant que nous puissions mettre en place ces recommandations, le gestionnaire a souhaité faire appel à une autre entreprise qui n’a pas tenu compte de nos recommandations. Résultat, l’arbre a subit la suppression de très grosses charpentières (diamètre supérieur à 50 cm), le houppier est déséquilibré et le système racinaire est altéré. Il est probable que d’ici 15 ans, les arbres seront devenus tellement dangereux qu’ils devront être supprimés. L’école pourra alors changer de nom!

Mais il ne faut pas nécessairement de nouveaux bâtiments à côté d’anciens arbres pour commettre des erreurs. Un particulier d’Overijse voulant sécuriser ses arbres et mal conseillé a fait réaliser des travaux drastiques de manière systématique sur ses boulots sains. Résultat, il faudra moins de 10 ans pour que la majorité de ceux-ci deviennent dangereux et infestés de champignons lignivores alors qu’ils ne présentaient à l’origine pratiquement aucun danger et étaient tous sains.

Dans l’exemple ci-dessous, une nouvelle construction comprenant un préau et la plantation de trois arbres, on peut constater une proximité ridicule entre les fausses de plantation et le préau. Ce dernier est voué à être une contrainte pour les trois arbres fraîchement plantés. Dans l’incapacité de planter ces arbres, les ouvriers ont même du les élaguer drastiquement avant même de les planter. On approche ici le paroxysme d’un manque de projection dans le futur…

L’espace sous-terrain est également en concurrence avec les activités de l’homme. Trop souvent ignoré, le système racinaire assure pourtant la qualité de l’arbre. La suppression d’une partie du système racinaire est dommageable à la durée de vie d’un arbre. On peut notamment craindre les enchaînements suivants :

  • Perte d’alimentation => perte de réserves
  • Affaiblissement de l’ancrage mécanique de l’arbre => augmentation du danger en cas de vent
  • Affaiblissement global => attaques de parasites/champignons lignivores facilitée

Les effets d’une suppression racinaire n’est visible qu’après quelques années sur le système aérien. Ci-dessous, deux hêtres remarquables classés ayant subi une nouvelle construction il y a une trentaine d’années. L’arbre le plus proche est à une dizaine de mètres de cette construction. L’arbre est maintenant totalement affaibli et des champignons lignivores ont colonisé ses racines. Il devra être abattu.

Une telle conséquence pour une construction à une dizaine de mètres ne laisse aucun espoir quand des tranchées sont réalisées au pied d’arbres. Dans la photo suivante, la perte racinaire estimée est de quarante pourcents. La seule discussion désormais possible concerne le nombre de mois ou d’années restantes avant l’abattage de ces érables.

En guise de conclusion

Les conditions environnementales et celles directement dues à l’Homme rendent le développement d’un arbre extrêmement difficiles. En conséquence, stressé et sorti de sa forêt, l’arbre urbain a une espérance de vie moyenne de 50 à 60 ans contre plusieurs siècles dans des conditions favorables. Prendre conscience de ceci permet de mieux gérer ses arbres et d’augmenter leur durée de vie et ainsi leur beauté, leur intérêt environnemental, etc… Une modification du système aérien sera plus douce pour l’arbre si de véritables arboristes spécialisés et amoureux des arbres vous épaulent dans vos décisions. Un système racinaire pourra quant à lui être protégé par la mise en place de barrières anti-racine lors de la plantation. Après avoir abordé les difficultés des arbres urbains, nous soulignerons dans le prochain Pénélope l’importance de ceux-ci et leurs intérêts environnementaux.

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